Le XVème siècle français, une source d’espérance et d’inspiration…

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22 novembre 2023 par

Histoire

Extirper les Français du triste XXème siècle…

Le XVe siècle est une période captivante de l’Histoire de France. Pourtant, comme la quasi-totalité de l’ère médiévale, cette époque est fort mal connue de nos concitoyens.

Le XXème siècle, il est vrai, semble occuper à lui seul l’écrasante majorité de la culture historique des Français. Or, à y bien regarder, le XXème siècle fut certainement l’un des plus désastreux pour notre pays. La France, en effet, a d’abord vécu dans le souvenir pénible de la défaite de 1871, puis dans les affres d’un relatif déclassement et d’une colonisation coûteuse. Elle a connu l’effroyable carnage de la Première guerre mondiale, dont elle ne retira rien d’autre que vingt années de trêve entrecoupées de graves crises politique, économique et sociale. La capitulation de 1940, puis la collaboration tant désirée par la haute bourgeoisie, s’accompagnèrent de l’humiliation et du déshonneur, au point d’avoir, aujourd’hui encore, des répercussions sur notre psyché collective. Puis, malgré l’action héroïque du Général de Gaulle et des mouvements de résistance, la France a vu la IVème République se soumettre avec complaisance à la domination écrasante des États-Unis d’Amérique. Les guerres coloniales, destinées à préserver un empire aussi vain qu’inutile, eurent ensuite raison de la concorde civique au point de menacer la paix civile elle-même. Les dix années de répit et de prospérité qu’apporta la présidence du Général De Gaulle permirent certes de restaurer la France dans sa grandeur, au net déplaisir de Washington et de Bruxelles, mais furent par la suite balayées par les excentricités d’une funeste génération… Après quoi, peu à peu, la soumission aux États-Unis, l’intégration européenne, la désintégration sociale et la désindustrialisation s’accentuèrent, au point que ce premier quart de XXIème siècle s’achève sous les pires auspices.

En somme, les Français, sortis traumatisés du XXème siècle, ne conçoivent leur Histoire récente qu’à travers une époque d’atrocités, de servitude et d’humiliation quasi permanente…

Brève histoire du XVème siècle français

Le XVème siècle, comme le XXème, fut lui aussi très éprouvant. La France y connut l’effondrement, le déshonneur, la soumission, la trahison, la cruauté et la misère. Et pourtant, par la détermination la plus acérée, par l’esprit le plus volontaire et l’instinct le plus politique ; ce royaume, condamné à l’effacement, devenait, à la fin du siècle, la principale puissance d’Europe de l’Ouest… En d’autres termes, le XVème siècle constitue, pour nous autres Français, une ère de redressement, de régénération et de renaissance ; une époque troublée, jalonnée d’épreuves, mais au terme de laquelle notre pays sortit considérablement renforcé, et prêt à affronter l’avenir.

Le début du XVème siècle, il est vrai, fut particulièrement sordide en France. Le roi Charles VI, qui régnait depuis 1380, était depuis plusieurs années atteint de démence. Profitant de son incapacité à gouverner le royaume, les grands seigneurs de France s’accaparèrent ainsi l’exercice réel du pouvoir à travers le Conseil du roi. S’imposa alors un gouvernement des princes, dominé par des castes en rivalité les unes vis-à-vis des autres. Totalement indifférents à la chose publique, les grands féodaux s’employaient essentiellement à détourner les finances royales à leur profit et à aligner la politique de l’État sur leurs seuls intérêts particuliers. Ainsi, capté par une poignée d’oligarques, l’État monarchique devenait l’instrument d’intérêts strictement privés, étrangers à la cause nationale. Or, naturellement, les intérêts des princes n’étaient pas convergents : aussi le gouvernement se divisa-t-il en factions rivales, dont chacune désirait exercer la totalité du pouvoir. Ne cherchant pas le compromis, ces factions entrèrent en conflit ouvert en 1407, provoquant une terrible guerre civile opposant le parti des Armagnacs à celui des Bourguignons. Cette lutte dura près de trente ans, et faillit entraîner avec elle la France tout entière…

Profitant des divisions, le roi d’Angleterre, Henri V de Lancastre, décida d’envahir la France avec la ferme intention d’en ravir la souveraineté. Les rois anglais, en effet, revendiquaient la couronne des Valois depuis 1337. Aussi Henri V débarquait-il en Normandie en 1415, puis écrasait l’armée française à Azincourt. Rallié par le duc de Bourgogne et la reine Isabeau en 1419, Henri V parvint à obtenir ce qu’il désirait. En 1420, en effet, alors que la folie consumait totalement l’esprit de Charles VI, le roi d’Angleterre lui fit signer le Traité de Troyes, aux termes duquel la France entrait officiellement en union personnelle avec l’Angleterre. Autrement dit, le roi anglais devait désormais régner sur la France comme sur l’Angleterre, imposant une autorité étrangère à la tête de l’État. Une part non négligeable de l’aristocratie et des notables français adopta complaisamment ce traité contre des avantages personnels. Ainsi, après avoir délaissé l’intérêt public au profit de prédations privées, la France abdiqua sa souveraineté à une puissance étrangère. Le royaume, annexé, humilié et occupé sur toute la moitié septentrionale, vit également les grands féodaux s’extraire de l’autorité royale. Le pays était en lambeaux, à l’instar de sa souveraineté.

Ne pouvant accepter d’être déposé par le roi d’Angleterre, Charles VII se retira à Bourges avec l’appui du Sud de la France. Pendant plus de trente ans, des années 1420 à 1450, il s’évertua à chasser les Anglais du continent. Jeanne d’Arc lui apporta son concours entre 1429 et 1431, redonnant espoir à des milliers de Français désespérés. En parallèle, Charles VII se donna les moyens de vaincre. Bon négociateur, il conclut une paix séparée avec le duc de Bourgogne, mettant ainsi fin à la guerre civile débutée en 1407. Le roi établit ensuite un impôt permanent, qui lui permit de financer une armée permanente. La puissance financière et martiale qui en résulta lui permit ainsi de réaffirmer son autorité sur ses vassaux. Ceux-ci, se voyant peu à peu dépossédés de leurs pouvoirs, se soulevèrent à plusieurs reprises contre le roi. En vain. Grâce à l’appui constant d’un peuple français désabusé de ses élites, le roi demeura sur le trône, si bien que les rébellions princières ne parvinrent jamais à le soumettre. Finalement, en 1453, les Anglais étaient définitivement chassés d’Aquitaine et de Normandie, où la souveraineté de Charles VII était désormais incontestable.

A la mort du roi, en 1461, la France épuisée se remettait péniblement d’un demi-siècle d’affrontements. Les nouvelles acquisitions de Charles VII, à savoir l’impôt permanent, l’armée permanente et l’autorité royale sur les grands féodaux, devaient être confortées. De nouvelles ambitions, comme le retour à la paix, la prospérité économique et l’affirmation de la souveraineté et de la puissance de la France, restaient à satisfaire. Louis XI s’acquitta de cette charge. Après quatre premières années de règne pour le moins maladroites, le nouveau souverain dut faire face à la guerre du Bien public de 1465, pendant laquelle les princes français se coalisèrent contre lui. Menacé dans l’exercice direct de sa souveraineté, le roi tira bien des leçons de l’événement. Par la crainte, l’intrigue, la corruption et la désinformation, par l’usage subtil d’un redoutable instinct politique et manœuvrier, par l’emploi efficace de la force et de la ruse, de l’épée et de la plume ; Louis XI parvint peu à peu à éliminer du jeu politique ses principaux adversaires, comme les ducs de Bretagne et de Bourgogne. Pragmatique, intelligent et manipulateur, le roi de France inspira bientôt la crainte chez ses ennemis. Il affirma tant et si bien la souveraineté royale que les grands féodaux, qui avaient tant bénéficié des troubles du début du siècle, s’en trouvèrent tout simplement balayés pour la plupart. Sur les ruines de leurs anciennes principautés annexées, Louis XI étendit le domaine royal par-delà les frontières du royaume, laissant à sa mort, en 1483, une France puissante, forte, unie et pacifiée, redoutée de ses voisins.

Il faudra attendre 1494 pour voir son fils Charles VIII lancer le royaume de France dans les vaines guerres d’Italie, ouvrant ainsi un XVIème siècle tourmenté, brutal et empreint de fanatisme…

Un siècle considérable dans ses bouleversements

Le XVème siècle voit la France monarchique s’effondrer puis renaître de ses cendres sous une forme régénérée. Les grands défis de la guerre de Cent Ans finissante parachèvent la formation de l’État moderne et du sentiment national en France. Après Louis XI, l’ancien temps des liens de vassalité complexes, des engagements interpersonnels vacillants et des aliénations de fiefs (apanages) est supplanté par l’affirmation d’une fidélité inconditionnelle à la couronne et à la nation. L’esprit chevaleresque et la nostalgie du temps béni de Saint Louis perdure encore… mais déjà les Temps modernes se profilent. Machiavel ne tardera plus à apparaître, avec le désir d’unifier la nation italienne autour d’un puissant Prince. Bien vite, il sera suivi des penseurs de la raison d’État puis de la souveraineté…

Le XVème siècle, qui signe la fin de l’ère médiévale, parachève ainsi un lent processus d’édification et de consolidation de l’État-nation en Occident. Les termes de « bien public » et de « chose publique » (res publica) prennent un usage courant en matière politique. Les souverains n’usent plus de leurs domaines comme d’une propriété, mais sont eux-mêmes encadrés par ce que l’on appellera bientôt les « lois fondamentales ». L’impôt, comme l’armée, n’est plus uniquement réservé aux temps de guerre. La force martiale devient, qui plus est, le privilège exclusif du souverain, qui en use également pour le maintien de l’ordre en temps de paix. La longévité du conflit contre l’Angleterre a ainsi doté le royaume de France d’attributs fondamentaux de la souveraineté telle que nous la concevons aujourd’hui : la permanence de l’impôt, le monopole de la frappe monétaire, de la force armée, de l’ordre public, de la diplomatie, de la loi, de la justice, l’intégrité du royaume et de ses frontières… L’extension du domaine royal et l’accroissement des rentrées fiscales permettent, du reste, le développement d’une administration importante, qui ne tarde pas à se spécialiser, à se diversifier et à gagner en autonomie, instituant de facto une relative séparation des pouvoirs au sein de l’État. Assemblées, Parlements, États généraux et cours souveraines, déjà présentes au XIVème siècle, achèvent de s’incarner comme des entités politiques à part entière au XVème siècle.

Par ailleurs, cette période voit les princes s’occuper de plus en plus du développement économique, financier, industriel et commercial de leurs fiefs. Avec l’accès au crédit et à l’impôt, la commande publique devient fondamentale dans l’ordre économique qui se dessine, si bien que les États encadrent plus directement le commerce au profit de leurs producteurs nationaux. La puissance publique désire soutenir, sinon encadrer, la production de biens, et en particulier dans l’armement. La modernisation des techniques, de l’artillerie et de la fabrication de munitions standardisées devient ainsi une véritable préoccupation d’État. Les puissances occidentales sont également en quête d’or ; car, du fait de l’important déficit commercial de l’Europe, qui importe massivement les denrées et les biens asiatiques depuis des lustres, le métal précieux est devenu si rare que l’économie a grand besoin de liquidités, en particulier du fait des guerres permanentes qui agitent le continent depuis un siècle. La fin du XVème siècle verra ainsi les puissances maritimes ibériques se lancer dans d’ambitieuses explorations vers les Indes, aux répercussions incalculables dans l’ordre du monde.

D’autre part, les sérieuses crises morales et politiques des XIVème et XVème siècles vont façonner un esprit nouveau. L’épisode de peste noire qui avait dévasté la population européenne à la fin des années 1340 avait déjà considérablement remodelé le climat politique, social, économique et moral de la société féodale déclinante. A la suite du Grand Schisme d’Occident (1378-1417), qui avait vu plusieurs papes se disputer le trône de Saint-Pierre sur fond de rivalités internationales, la Crise conciliaire (1414-1449) éclata entre le concile de Bâle et la papauté concernant l’autorité suprême de l’Église. Dans ce cadre, de nouvelles pratiques religieuses s’étaient enracinées, sans pour autant remettre en cause les anciennes dévotions. Devant les divisions théologiques qui agitaient l’Église, une pratique plus solitaire et plus individuelle de la foi, la devotio moderna, s’était propagée dans toute l’Europe catholique. Ce type de lien direct et mystique à la Divinité fut au fondement spirituel de personnalités très pieuses telles que Jeanne d’Arc ou même Louis XI. De même, la figure pontificale étant en proie aux scandales, la tentation de conférer aux souverains des prérogatives importantes sur leurs Églises nationales s’aventura jusqu’en France, lorsqu’en 1438 Charles VII décida de promulguer la Pragmatique sanction, au terme de laquelle l’Église de France pouvait se réunir en concile et le roi en entériner les canons. L’avènement de la souveraineté, de l’identité nationale et d’une nouvelle conception de la foi seront ainsi le prélude aux profonds bouleversements des XVIème et XVIIème siècles…

Des personnalités fortes, enracinées et d’une haute valeur politique

Le XVème siècle n’est pas seulement riche de rebondissements et de transformations. Il l’est également du type d’hommes et de femmes qu’il a suscités. Époque de crises et de recompositions profondes, le Moyen Âge finissant a façonné des êtres d’une grande complexité.

Le roi de Bourges, Charles VII, était un homme brisé et humilié par le Traité de Troyes, parfois manipulé par ses ministres comme par ses maîtresses. C’est pourtant lui qui parvint, par sa patience, sa négociation, son réalisme et sa capacité à s’entourer, à asseoir l’autorité royale à des niveaux jusqu’alors inégalés, à instaurer l’impôt et l’armée permanents, à affirmer la souveraineté royale jusque dans les affaires religieuses et à chasser les Anglais du continent (à l’exception de Calais).

De même, Philippe III, dit le Bon, certainement le plus brillant des ducs de Bourgogne, succéda à 23 ans à son père bien-aimé. Désireux d’étendre ses domaines, il manœuvra avec une grande habileté, sachant conjuguer menace, force et persuasion pour parvenir à ses fins. Ayant, comme Charles VII, un insatiable appétit pour les femmes, Philippe le Bon était viscéralement habité par l’esprit de chevalerie, très ancré à cette époque.

Les années 1400 étant caractérisées par de fortes instabilités ; usurpations et renversements étaient monnaie courante. Aussi disposer d’une personnalité forte était-il le principal moyen de conserver son titre. Bon nombre de dirigeants, malgré la nature héréditaire de la succession, se devaient de faire preuve de réalisme et de finesse politique, sans quoi leur survie-même s’en trouvait compromise. Il est vrai qu’en ces temps de troubles, la plupart des dirigeants, aussi bien français, anglais ou italiens qu’espagnols, pouvaient, à tout moment, être déposés au profit de redoutables prétendants. Les revendications allaient bon train, les ambitions étaient vastes et les opportunités réelles ; si bien que les seigneurs les plus malhabiles finissaient déclassés ou asservis par de dangereux concurrents. Dans les royaumes comme dans les duchés, les plus astucieux dépossédaient les plus timorés. Ainsi les individualités du XVème siècle, taillées dans le roc des incessantes guerres médiévales, étaient capables d’affronter de véritables désastres, de se redresser des pires déconvenues et de faire preuve d’une remarquable intelligence politique. Louis XI, bien sûr, apparaît comme la consécration du génie politique des hommes de ce temps-là, dont beaucoup éprouvaient à son égard un complexe d’infériorité. Mais il était loin d’être le seul. Des esprits tout aussi acérés existaient dans toute l’Europe : Henri V de Lancastre, Alphonse V d’Aragon, Charles VII de France, Édouard IV d’York, François II de Bretagne, Charles de Bourgogne, Jean II de Bourbon, Francesco Sforza ou encore le comte de Warwick constituaient, chacun à leur mesure, de véritables hommes d’État, capables d’intrigues, de hardiesse et de coups de maîtres. Anne de Beaujeu, la brillante fille aînée de Louis XI, peut également figurer parmi les grandes personnalités politiques de ce siècle oublié.

L’ambition et l’intelligence n’étaient du reste pas les seuls moteurs de l’Europe ébranlée en ce XVème siècle. Les personnalités fortes de ce temps-là s’affirmaient par des tempéraments bien trempés, complexes et amplis d’antagonismes. La piété la plus sincère s’associait au pragmatisme le plus cru, la mansuétude le disputait à la vengeance, la retenue flattait l’exubérance, la sobriété se teintait de profusion, la bonté fréquentait la malveillance, le rire se mêlait aux sanglots… Une foi profonde animait jusqu’aux personnalités les plus méprisables. La pureté d’une Jeanne d’Arc et la noblesse d’un dauphin de France ne les empêchaient pas de côtoyer les plus sanguinaires des Écorcheurs. Par ailleurs, l’enracinement du sentiment national issu des incessants conflits d’alors, achevait de construire des identités fortes et riches en monde. Chacun trouvait ainsi la force de défendre la patrie en danger au nom du Christ et de son représentant au temporel, le souverain. De fait, les personnalités fortes du XVe siècle étaient mues par une volonté de puissance hors du commun, dictée par la raison d’État et la logique politique. A une époque où le niveau technologique était très bas, où les communications et les déplacements étaient fort lents, où les crises violentes étaient fréquentes (guerres, famines, épidémies, rébellions…), où la puissance publique ne disposait que de son bon sens pour décider, et où l’horizon des possibles était fort restreint ; l’art de parvenir et de se maintenir au pouvoir s’en trouvait autrement plus difficile qu’il ne l’est aujourd’hui.

Une source d’espérance et d’enseignements

Il faut le dire sans détour : le XVème siècle fut indéniablement une période éprouvante pour l’Occident, à l’instar du XIVème. Des crises effroyables frappèrent la France et les Français. Les bouleversements moraux, sociaux, économiques et politiques furent indiscutables ; et des crises de toutes sortes surgirent pour en attester. Et pourtant… en ces temps rudes où les hommes se percevaient comme régressifs face à une « époque bénie » largement fantasmée du règne de Saint Louis, les nations d’Europe de l’Ouest n’auront peut-être jamais autant compté d’hommes d’exception à leur tête, à commencer par la France. Des êtres puissants, parfois terribles, mais doués d’une immense intuition politique ainsi que d’une profonde intelligence manœuvrière se livraient une lutte sans merci pour affirmer leur propre pouvoir, avec pour seul guide la raison d’État et le réalisme. A une époque où l’État en construction s’imposait de plus en plus face aux diverses factions qui cherchaient à le circonscrire, la souveraineté s’affirmait définitivement comme la seule garantie de ce que l’on appelait déjà « la chose publique », à savoir le bien commun primant sur les intérêts privés, oligarchiques et étrangers. On peut ainsi considérer que l’État-nation comme concept et comme réalité s’enracine, s’organise et s’institue franchement, ouvertement, sous les règnes fondateurs de Charles VII puis Louis XI.

Naturellement, le douloureux XVème siècle passerait difficilement pour un âge d’or. Toutefois, dans une certaine mesure il peut constituer, pour nous Français, une prodigieuse source d’espérance et d’enseignements. Il démontre que, même brisée, même humiliée, même trahie, la France peut se régénérer pour renouer avec la grandeur. Il rappelle que les moments de crise sont le terreau des hommes d’exception, des caractères puissants et des génies politiques, capables de détrôner les lâches, les inaptes et les malhabiles. Il raconte un temps où la nation française, envahie, dépossédée de sa souveraineté, trahie par ses élites et réduite à presque rien par l’intrigue des factions ; a su redevenir elle-même, recouvrer sa puissance, châtier les traîtres et retrouver l’unité perdue.

Ainsi, alors que les esprits de notre temps sont trop assombris par les sinistres nuées du XXème siècle, il semble nécessaire que les Français s’extirpent de souvenirs pénibles et souvent mal compris, qu’ils renouent avec leur Histoire longue, qu’ils s’inspirent avec fierté de la grandeur de leurs aïeux ; en se rappelant toujours que, quoi qu’il se passe, ils appartiennent à une grande nation qui, souvent mise en péril, fut toujours capable des plus belles résurrections…

Par Guillaume de Murcie

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